Goodbye Lenine

Peut-être vous souvenez-vous de cette série de petits livres pour enfants -reconnaissables à leur couverture orange cartonnée- consacrés aux grands personnages de l'histoire? Enfant, je devais en avoir au moins une vingtaine: Alexandre le Grand, Clovis, Charlemagne, Napoléon... Ô combien mon petit coeur pouvait-il vibrer aux exploits de César ou des Croisés! Je me souviens, en particulier, du volume consacré à Vercingétorix: les illustrations, cela va sans dire, le représentaient orné de longues moustaches et d'un casque à cornes, glaive à la main, haranguant ses troupes à l'aube de la bataille de Gergovie. Mais plus particulièrement, je me souviens de l'illustration par laquelle s'achevait le volume: on y voyait le chef gaulois enchaîné, humilié, parcourant les rues de Rome derrière le char victorieux de César. Je ne sais pas pourquoi, mais ce tableau m'avait alors profondément ému. Etait-ce la mélancolie de la scène, ce contraste entre la force morale du prisonnier et sa faiblesse physique? Je ne saurais vraiment le dire. Toujours est-il que ce souvenir serait sans aucun doute à jamais resté au fond de ma mémoire si je n'étais tombé récemment, et comme de fait exprès, sur cette publicité en feuilletant un magazine anglais:


Qui est donc ce vieil homme pensif me demanderez-vous? Son visage ne vous dit rien? Mais oui, c'est bien Gorbatchev, ex-Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique ! Le voir ainsi participer à la campagne institutionnelle de Louis Vuitton, aux côtés d'André Agassi et Catherine Deneuve, m'a rempli d'une tristesse absolue. Non pas que j'éprouve une affection particulière à l'égard de Gorbatchev, mais à le voir ainsi,  poser devant une parcelle du mur de Berlin, un sac LV négligemment placé à ses côtés, je me suis mis à repenser à Vercingétorix. Les vainqueurs sont décidément bien cruels envers les vaincus.

Mais j'oubliais, quel était ce magazine que je feuilletais? The Economist.